Une chaîne dédiée aux sports sous-médiatisés : le CNOSF en rêvait, le groupe Reworld l'a fait. Depuis le 28 mai dernier, Sport en France émet sur Orange, Bouygues, Free, SFR, Numéricable et sur un site internet dédié. « L'idée est de mettre à la disposition des 107 fédérations affiliées au CNOSF un lieu de diffusion », explique Guillaume Sampic, directeur de la chaîne. « Tous les quatre ans, une enveloppe budgétaire est attribuée à un groupe média afin de faire la promotion des sports sous-médiatisés. Les derniers groupes diffusant ces sports ayant des problématiques d'audience, il y avait toujours des limites à mettre à l'antenne ces disciplines en prime. Tous les quatre ans, le CNOSF était ainsi mécontent de la mise en avant de ces sports. » C'est en 2016 que l'équipe ex-Sport 365, reprise depuis par le groupe Reworld, vient avec une idée. « Nous sommes arrivés avec une proposition de chaîne de télévision dédiée afin de sortir de la problématique de l'audience. À l'époque, le CNOSF a reconduit France Télévisions, mais l'idée a fait son chemin. Après deux ans seulement, le CNOSF a décidé de relancer un appel d'offres en misant sur la création d'une chaîne appelée Sport en France. Le groupe Reworld y a répondu en décembre 2018, avant un retour positif en février. »
Pas de dépendance à la publicité
Sport en France marque donc sa différence : ici, l'audience n'est pas une priorité. « Le modèle de Sport en France est très différent de celui d'une chaîne commerciale », confirme Guillaume Sampic. « Nous regarderons bien évidemment les audiences, mais on ne veut pas se focaliser là-dessus. Si c'était le cas, nous ne mettrions pas d'haltérophilie, de squash ou de pelote basque à l'antenne. » Même fonctionnement concernant la publicité. « Économiquement, nous ne dépendons pas de la publicité. Le modèle économique est basé sur la participation du groupe Reworld, du CNOSF, des fédérations et de certains partenaires du CNOSF. C'est un vrai soulagement de ne pas être dans cette problématique permanente de recherche de publicité, nous travaillons avec l'esprit plus libre », se félicite le directeur d'une chaîne décidément pas comme les autres. Depuis le 28 mai, le sourire est de mise. Le lancement est jugé comme réussi, notamment parce qu'il a permis de « réveiller » de nombreuses fédérations. « Nous craignions un peu la lenteur du monde fédéral. Mais, force est de constater que nous sommes plutôt agréablement surpris. Nous sommes très sollicités, une trentaine de demandes de fédérations sont en cours en vue de sujets pour les mois qui viennent. Toutes les fédérations n'ont pas encore bien assimilé le process, mais ça va de mieux en mieux, de semaine en semaine. On voit que cette idée de chaîne était très attendue par les fédérations qui avaient besoin d'un véritable lieu de diffusion. »
Trois grands piliers éditoriaux
Et la ligne éditoriale dans tout ça ? Guillaume Sampic assure que Sport en France est axée autour de « trois grands piliers éditoriaux. Il y a bien sûr la diffusion de compétitions, très souvent en différé. Nous allons tout de même proposer entre trente et quarante directs dans l'année. Il y a aussi des émissions en plateau, agrémentées de reportages, avec la volonté de mettre en avant plusieurs thématiques fortes comme le handisport, le sport au féminin ou encore les Jeux olympiques. Deux fois par mois, nous avons prévu une émission afin d'aborder les grandes questions du sport. Ce sont des sujets qui concernent pleinement les fédérations. Enfin, nous proposons également des documentaires », assure le directeur de la chaîne. « Nous nous sommes également engagés à produire, pour le compte du CNOSF, un certain nombre d'événements dans l'année, afin d'accompagner au mieux certaines fédérations qui n'ont pas forcément la compétence ou les moyens. » À l'heure actuelle, pas moins de 107 fédérations sont placées sous l'égide du CNOSF. Sport en France a donc largement assez à faire avec les disciplines sous-médiatisées pour traiter celles déjà largement couvertes par le champ médiatique français. « Je pense au football par exemple », confirme Guillaume Sampic. « Nous ne sommes pas dans le news, nous n'avons pas de JT, le but n'est pas de revenir sur le match joué la veille. Nous sommes plutôt intemporels, avec beaucoup de pédagogie et d'analyse. Cela doit permettre de donner envie à davantage de personnes de prendre une licence dans les disciplines que nous traitons. Le tout dans un climat bienveillant, nous ne sommes pas là pour créer des polémiques. »
Le CNOSF salue « un virage important »
Un groupe investi sur le long terme
Championnat de France de Savate boxe française, Mondiaux de longboard à Biarritz, championnats d'Europe de canoë-kayak à Pau : dès la première semaine, Sport en France a su faire montre de tout l'éclectisme dont elle est capable. Aux yeux de Guillaume Sampic, de nombreuses disciplines gagnent d'ailleurs à être connues, et surtout reconnues. « Certaines des fédérations les moins connues du grand public sont parfois celles qui regroupent un grand nombre de licenciés. Il faut donc qu'elles aient voix au chapitre, qu'elles soient en mesure d'expliquer ce qu'elles font et ce qu'elles proposent. Ce qui est sûr, c'est que nous avons le temps pour parler de tout, nous avons quelques années devant nous. » En effet, le groupe Reworld compte bien s'investir sur la durée et pourquoi pas être encore là en 2024, date de l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques en France. Un événement qui va concerner de nombreuses disciplines diffusées par Sport en France. « C'est un investissement sur le long terme, en tout cas de notre part. Le CNOSF rêvait d'une telle chaîne depuis plusieurs années. À partir du moment où nous respectons nos engagements, il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Au regard des retours très positifs de nombreuses fédérations dès les premiers jours d'existence de la chaîne, nous estimons que Sport en France a tout ce qu'il faut pour perdurer. »
Sport en France est accessible sur Orange (canal 174), Bouygues (canal 192), Free (canal 190), SFR et Numéricable (canal 129) et sur www.sportenfrance.com