C'est officiel depuis le 13 septembre : Paris accueillera les Jeux olympiques 2024. Une édition estivale de la grand-messe du sport que la capitale attendait depuis un siècle et pour laquelle la France se veut ambitieuse. Laura Flessel, ministre des Sports, a en effet annoncé l'objectif de doubler le nombre de médailles. Mais les titres et les podiums ne seront pas les seuls enjeux de cette édition 2024. « L'objectif évident est de faire de cet événement un succès sportif. Le but est également d'en faire un succès environnemental, mais aussi économique, il faut que les Jeux olympiques rapportent de l'argent. Cela passe par un développement du tourisme. Sans oublier un enjeu sociétal : ces Jeux doivent mobiliser tous les acteurs, qu'ils soient individuels ou collectifs », détaille David Roizen, directeur associé chez Havas Paris. Une position partagée par Gladys Bézier, fondatrice de l’agence B’&Co et consultante auprès d’organisations sportives, qui assure que « l'idée de ces Jeux est clairement de faire reconnaître le sport comme un outil d'éducation, de cohésion et un facteur de santé ».
« Consolider la place du sport à l’école »
Des enjeux majeurs et des objectifs ambitieux qui concernent avant tout la jeunesse d'aujourd'hui, qui sera pleinement actrice de ces Jeux olympiques dans sept ans. « Le goût du sport, c'est dès le plus jeune âge. Il faut consolider la place du sport à l'école en créant plus de liens avec l'association sportive et en permettant aux jeunes de pratiquer leurs disciplines favorites avec des horaires aménagés. Aujourd'hui, il y a un énorme travail à réaliser pour replacer le sport comme un temps adapté au rythme du jeune », souligne Gladys Bézier. « D'ici aux Jeux olympiques, il faut surtout donner le goût du sport, le rendre plus attractif auprès d'un large public », ajoute David Roizen. « Si on regarde la pratique de l'enfance à l'âge adulte, elle est entrecoupée, mais n'est pas accompagnée. Il y a des ruptures nettes, notamment après le lycée. Il va falloir mettre en place des dispositifs pour que ce ne soit plus le cas. Je pense au développement du sport en entreprise qui est très efficace. Mais pour donner le goût du sport, il faut le rendre plus accessible et cela passe aussi par le développement des équipements. Dans toutes les villes de taille moyenne, il y a un vrai problème d'équipements sportifs ».
« Montrer une certaine exemplarité »
Le modèle sportif français doit-il donc évoluer ? Voire être révolutionné à l'occasion de l'organisation de ces Jeux olympiques ? Pour David Roizen, c'est clair, « on peut très bien réussir les Jeux olympiques sans rénover le modèle sportif. La France est une grande nation sportive, il faut arrêter de se flageller. La France peut avoir de très bons résultats avec une politique dynamique, sans changer le modèle. Mais ce serait vraiment dommage de ne pas profiter de la mobilisation générale escomptée pour changer des choses. On l'a vu, notamment à Barcelone en 1992 et à Londres en 2012, les nations profitent de cet événement pour revoir leurs modèles ». Aux yeux de Gladys Bézier, une telle rénovation est aujourd'hui essentielle. « La réussite des Jeux olympiques dépend avant tout d'une organisation. Or, la France a démontré à maintes reprises son savoir-faire dans ce domaine. Mais il est vrai qu'il faut profiter de Paris 2024 pour montrer une certaine exemplarité. À l'heure actuelle, le modèle sportif français présente des écueils, comme des problématiques de gouvernance, des moyens réduits, un manque de professionnalisation des organisations sportives. De fait, ces dernières ne sont pas forcément en capacité de répondre aux attentes de la société en matière d'offres de pratique. Rénover le modèle sportif me paraît essentiel, et les Jeux doivent incarner un appel d'air pour l'ensemble du sport français ».
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« Le sport à un vrai rôle sociétal à jouer »
Et le monde politique dans tout cela ? Très présent tout au long du processus de candidature de Paris 2024, il a forcément un rôle à jouer concernant cette possible rénovation du modèle sportif français. « Le monde politique doit faire exactement la même chose que sur le comité de candidature. Le leader était le mouvement sportif et le monde politique s'est simplement mis au diapason. Ce n'était pas le cas lors des candidatures précédentes. C'est sans doute l'une des raisons du succès de Paris 2024. Les institutions doivent accompagner le mouvement sportif », souligne David Roizen. Une position sur laquelle s'aligne Gladys Bézier. « Pour que les acteurs institutionnels jouent pleinement leur rôle d'accompagnement, il faut arriver à faire comprendre que le sport a un vrai rôle sociétal à jouer. Miser sur le sport est un investissement et non pas une dépense à fonds perdu. L'engagement des collectivités est important, mais il n'est rien au regard de ce que le sport peut vraiment apporter. Aujourd'hui, 80% des associations sportives ne fonctionnent qu'avec du bénévolat. Il y a un vrai soutien à apporter pour que ce bénévolat perdure et peut-être faire évoluer le système. Les Jeux olympiques peuvent justement jouer le rôle de catalyseur de l'ensemble des énergies ».
« Les Jeux peuvent transformer le sport en France »
Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont donc un rôle majeur à jouer, celui de pouvoir transformer le sport en France. Est-ce possible ? « Si tout le monde se mobilise, si tous les efforts concentrés vont dans le même sens, c'est possible. Il faut donner l'impulsion la plus coordonnée et concertée possible de manière à actionner les bons leviers pour permettre aux Français d'être les plus sportifs possible », espère Gladys Bézier. David Roizen espère, lui aussi, avec une touche d'optimisme. « Les Jeux olympiques peuvent vraiment transformer le sport en France. Cela a été le cas en Espagne, en Australie, en Chine et en Grande-Bretagne. La pratique sportive n'est plus la même qu'avant l'accueil des JO. Il n'y a aucune raison que ce ne soit pas le cas pour Paris 2024. Il existe une union sacrée entre le mouvement sportif et les acteurs institutionnels pour faire de ces Jeux une réussite pour l'ensemble du pays. Maintenant, il n'y a plus qu'à ! ».