Depuis le 1er janvier 2017, la Fédération Française de Volley (FFVolley) a récupéré la délégation du volley assis, qui compte aujourd’hui 70 licenciés compétition. « Nous sommes partis de zéro, car cette discipline n’avait pas été développée par la Fédération française handisport », indique Chrystel Bernou, chef du projet volley santé et para-volley, et conseillère technique nationale à la fédération. « Maintenant, en comptant le nombre de pratiquants occasionnels et ceux qui font juste les entraînements, le nombre passe à 140 licenciés ». Benjamin Lacroix-Desmazes fait partie de ces licenciés et a même intégré le Groupe France, lui qui pratiquait déjà le volley en valide avant son amputation tibiale de la jambe gauche. « Mon ami d’enfance, Florian Foulquier, qui est maintenant à la détection des joueurs pour le volley assis à la fédération, m’a fait découvrir ce sport physique où règne une bonne ambiance dans l’équipe de France. Mon but est surtout de pratiquer et de faire de belles rencontres ». Hors des stages du groupe tricolore, et en plus de s’aligner sur des courses de triathlon, Benjamin évolue dans la section volley assis au Caen Volley Ball. « Il y a des joueurs valides qui viennent s’entraîner avec moi, mais c’est parfois dur pour eux de s’y mettre ».
Chrystel Bernou : « Nous sommes partis de zéro » (© Jean-Marie Hervio / FFVolley)
Première compétition pour le volley assis
L’équipe de France de volley assis a connu sa première compétition internationale les 29 et 30 septembre derniers lors du « Tourcoing Subzone New Nations », un tournoi qui regroupe des nations européennes et émergentes de la discipline. « Au niveau du score, ça ne s’est pas bien passé », confie Benjamin. « Les autres équipes avaient un niveau technique supérieur au nôtre. Certains groupes s’entraînent ensemble deux à trois fois par semaine. Dans notre équipe, on vient de partout en France et on fait des stages ensemble tous les deux mois ». Chrystel Bernou, quant à elle, se concentre sur l’aspect positif de ce tournoi. « La France entre officiellement au ranking européen à la 15e place sur 17 nations engagées en ayant marqué ses premiers points ». Autre motif de satisfaction, la France était la seule équipe de la compétition à aligner uniquement des joueurs éligibles. En effet, dans ce tournoi, les équipes ont la possibilité de faire jouer deux personnes valides, chose interdite lors des compétitions de haut niveau international. Au « Tourcoing Subzone New Nations », l’équipe de France n’a aligné aucun valide parmi la dizaine de joueurs qui ont participé. Le groupe tricolore va maintenant se préparer, grâce à des stages, pour le tournoi de qualification des Championnats d’Europe qui se déroulera en février ou en mars dans un lieu qui reste à définir.
Marion Lhoest : « J'ai découvert le volley grâce à mon frère » (© Vincent Desessard)
Objectif Championnats d’Europe pour le volley sourd
L’équipe de France de volley sourd prépare quant à elle les prochains Championnats d’Europe en juin prochain, à Cagliari, en Italie. Les Groupes France comptent une douzaine de joueurs ou des joueuses et, chez les femmes, Marion Lhoest, présente depuis la saison 2016-2017, est la capitaine. « J'ai découvert le volley grâce à mon frère, Bastien », raconte-t-elle. « Étant sourd profond, il avait organisé avec son équipe un petit tournoi où tous les sourds pouvaient s'inscrire. C'est à ce moment-là que j'ai découvert cette discipline, d'autant plus que mon frère faisait partie de l'équipe de France masculine. J'ai donc eu envie d'atteindre cet objectif ». Marion fait partie des volleyeurs sourds licenciés dans des clubs « valides », dans son cas au Vannes Volley 56. « Cette année, nous avons beaucoup de jeunes M17 et M20 au sein de mon club. On rigole bien, on les embête un peu et on apprend à se découvrir, car c'est aussi un nouveau collectif qui est en constante progression ».
Le volley assis fait partie des disciplines inscrites aux Jeux paralympiques (© Jean-Marie Hervio / FFVolley)
Après avoir pratiqué d’autres sports, Marion s'est mise en volley en septembre 2013. Depuis, elle consacre sa carrière sportive uniquement à cette discipline, prenant plaisir à retrouver le Groupe France. « Nous avons une bonne ambiance au sein du groupe. Comme il y a tous les âges, chacune apporte son rôle et son expérience. Par exemple, le soir on se retrouve après manger, pour celles qui le veulent, pour discuter ou faire des jeux. Nous avons toutes le même objectif de progresser et d’aller aux Championnats d’Europe en 2019. On se réunit entre trois et quatre fois par an depuis 2016 sous forme de stages de trois jours dans différentes villes. Nous avons été dans la région parisienne, à Rouen, à Nancy. Le mois dernier, c’était mon club de Vannes Volley 56 qui nous a accueillies pour continuer notre préparation. Nous cherchons à promouvoir le volley sourd à travers la France et à organiser des matchs amicaux ». Car c’est bien le but de la Fédération française : continuer de promouvoir le para-volley, notamment en incitant à la création d’équipes mixtes valides et de joueurs en situation de handicap. « On encourage tous les clubs, professionnels et non professionnels, à s’ouvrir à cette pratique », insiste la conseillère technique nationale.
Comment joue-t-on au volley assis et au volley sourd ?
« Les différences entre ces disciplines et le volley-ball classique sont peu nombreuses », note Chrystel Bernou. Au volley assis, on glisse pour se déplacer sur un terrain plus petit (6x10 mètres contre 9x18 mètres). Le nombre de joueurs ne change pas, c’est toujours six contre six avec trois avants, trois arrières et des systèmes techniques globalement semblables. « Il peut y avoir un libéro », complète la chef de projet du para-volley. Dans les règles du jeu, une grande différence intervient : le service peut être contré. Pour ce qui est des spécificités, à chaque touche, le joueur doit avoir une partie du corps située entre l’épaule et les fesses en contact avec le sol. « Il est interdit de se surélever sur les genoux », précise Chrystel Bernou. En ce qui concerne le volley sourd, « il n’y a aucun impact sur le jeu. Ce sont exactement les mêmes règles », explique la conseillère technique nationale. Au volley sourd, pour être bien compris, le filet est légèrement secoué pour signifier l’intervention de l’arbitre. À noter que les volleyeurs s’engagent dans le match sans leur appareil auditif. « Nous n'avons pas besoin de parler, d'appeler sa coéquipière pour avoir le ballon », précise Marion. « Le soutien sur le terrain et la cohésion au sein de l'équipe est encore plus important, ainsi que l'observation de ses coéquipières ».