Quelle est la valeur du sport dans une ville comme Le Blanc-Mesnil ?
Dans une ville comme Le Blanc-Mesnil, le sport tient une place considérable. C’est un lieu de passion, mais aussi d’éducation où le lien social est important. C’est une ville où le haut niveau et la pratique de masse sont nécessaires. L’un ne va pas sans l’autre. Pour dégager une élite, il faut une masse, et la masse a besoin d’une élite pour être performante. L’idée est que chacun trouve sa place à travers le sport. Sa place est forte, car le sport est aussi considéré par notre jeunesse comme un élément de promotion sociale. Il aide aussi à modifier l’image qu’on peut avoir des villes populaires quand elles se déplacent à l’extérieur. Le Blanc-Mesnil, comme de nombreuses villes de Seine-Saint-Denis, a longtemps souffert d’une image de ces banlieues grises avec des réputations difficiles. Le sport est aussi un moyen formidable pour modifier la perception d’une ville à l’extérieur.
« Valoriser les enfants est primordial »
La qualité d’une pratique passe par son encadrement. Quel est le rôle d’un éducateur selon vous ?
J’attache beaucoup d’importance à la formation. L’éducateur est un modèle, il a un devoir d’exemplarité auprès de ses joueurs. C’est aussi par lui que passent le plaisir de la pratique et la rigueur de l’apprentissage. J’ai toujours tenu à ce que l’on forme des éducateurs pour qu’ils forment correctement nos jeunes. Nos jeunes ne seront pas tous footballeurs professionnels ou athlètes de haut niveau, mais ils pourront devenir de bons éducateurs ou de bons citoyens pour le bien de la collectivité. Les joueurs sont à l’image de leur éducateur. Un éducateur tempéré, avec un discours bienveillant, va permettre à ses joueurs d’être apaisés. Stimuler, valoriser les enfants, c’est primordial. Un coach qui fustige un arbitre va créer un climat de tension autour d’un match. Les joueurs vont faire pareil. Nos enfants ont besoin de règles, d’un cadre d’apprentissage et qu’on leur inculque des valeurs. C’est un travail de fond qui doit être mené dès le plus jeune âge par nos éducateurs. Le travail de masse est une nécessité. Il faut travailler avec ces jeunes plutôt que de les laisser livrés à eux-mêmes.
Thierry Meignen : « L’éducateur a un devoir d’exemplarité auprès de ses joueurs » (© Gilles Gustine)
Le Blanc-Mesnil se distingue au plus haut niveau. Quels sont les sports en haut de l’affiche ?
Le judo, le tennis et le football sont des locomotives sur notre commune. Le Blanc-Mesnil a connu le judo de haut niveau depuis le milieu des années 90, où l’Étoile Sportive évoluait déjà dans les championnats de France. Après un passage à vide, on a décidé de relancer le club et de renouer avec l’histoire. Aujourd’hui, plusieurs athlètes de l’équipe de France font partie du club : Guillaume Chaisne, Aurélien Diesse et Cyril Maret chez les hommes, Priscilla Gneto et Madeleine Malonga chez les femmes participeront par exemple dans quelques semaines aux prochains championnats du monde à Bakou sous les couleurs tricolores. Parmi nos athlètes, on a également deux médaillés olympiques homme et femme, ainsi que deux médailles d’or et d’argent aux derniers championnats de France. Le tennis évolue également au plus haut niveau, avec un club qui a disputé la finale des interclubs aux derniers championnats de France. On a tout de même des athlètes comme Quentin Halys, Grégoire Barrère ou d’autres espoirs du tennis français qui participent aux tournois du grand chelem comme Wimbledon, l’Open d’Australie ou encore Roland-Garros. Au niveau du foot, notre équipe seniors, qui évolue en nationale 3, a vocation quant à elle à monter à l’échelon supérieur avec à sa tête Alain Mboma, un coach que beaucoup de clubs nous envient. Chaque année, plusieurs jeunes signent régulièrement dans des centres de formation de clubs professionnels, dans l’espoir d’imiter Raphaël Guerreiro, qui joue dans l’équipe nationale du Portugal et qui a grandi au Blanc-Mesnil, tout comme Moussa Sissoko. Deux joueurs qui étaient d’ailleurs en finale de l’Euro 2016 l’un contre l’autre.
Une académie de haut niveau
Les partenaires privés semblent jouer un rôle important également dans l’accompagnement des clubs de haut niveau…
Les sponsors crédibilisent un projet, c’est ce qui fait venir aussi certains athlètes. Le Blanc-Mesnil est une ville qui se développe, il y a plein d’entreprises qui y travaillent, et on y trouve beaucoup de sponsors privés qui jouent un rôle important en s’engageant. On demande régulièrement aux entreprises implantées sur le territoire de s’intéresser à la vie associative. Ensuite, elles traitent directement auprès des différents clubs. Le football bénéficie, par exemple, d’un sponsor à hauteur de 50 000 euros, ce qui n’est pas négligeable. Le judo et le tennis, c’est du même ordre… En termes d’images, c’est bon pour nos banlieues, pour les clubs comme pour les entreprises. Malheureusement, on ne peut pas soutenir et accompagner de la même manière toutes les disciplines, ce qui ne veut pas dire qu’on les mésestime ; leur budget n’a pas baissé pour autant.
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Quel est votre prochain grand projet à court ou moyen terme ?
On est en train de créer, dans une ancienne ferme réhabilitée, une académie de haut niveau, la Blanc-Mesnil Academy. On va y accueillir, dès la rentrée 2019, le pôle espoirs jeunes de judo de la fédération avec qui on a signé un contrat. D’autres sports en profiteront également : le tennis, ainsi que le foot au travers des classes aménagées avec un collège et un lycée. Chacun pourra bénéficier sur ce site d’un entraînement sportif spécifique de qualité, avec les structures et matériels nécessaires mis à disposition.