SPORTMAG - 104 : National - Novembre 2017

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Ouverture---Scolaire-104.jpg Philippe Brault : « La formation de nos enseignants est capitale »
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Scolaire

Handicap : le rôle essentiel du sport scolaire

Avec des élèves en situation de handicap de plus en plus nombreux, mais aussi des handicaps de plus en plus variés, le sujet du handicap à l'école est crucial. Le sport tente de mettre tous les élèves, handicapés et valides, sur un même pied d'égalité, avec des fédérations sportives scolaires de plus en plus impliquées sur ce sujet.

« Aujourd'hui, je pense que personne ne remet en cause l'obligation morale de s'intéresser à tous les enfants », explique Patrick Morel, vice-président Pédagogie et Recherche à l'USEP. Il assure même que « c'est l'un des progrès majeurs de ces dernières années ». Chaque enfant, quelle que soit sa différence, doit pouvoir bénéficier des mêmes chances. Cela concerne bien évidemment les élèves en situation de handicap. Le sport scolaire joue d'ailleurs un rôle de plus en plus important concernant leur intégration. « Notre priorité, c'est l'inclusion. Nous voulons que tous les enfants, quelles que soient leurs différences, participent à nos rencontres sportives. C'est quelque chose dont on parle beaucoup, mais que l'USEP s'efforce de retranscrire sur le terrain. Une situation de handicap ne doit pas exclure un enfant. On doit donc tenir compte des singularités pour adapter l'activité. Cela nécessite un travail en amont, ça ne s'improvise pas le jour de la rencontre », souligne Patrick Morel.


L'USEP et sa boîte à outils


L'USEP travaille ainsi depuis près de dix ans sur ce sujet. « En 2009, nous avons sorti un premier outil appelé « La mallette sport scolaire et handicap USEP ». Il n'y a pas toutes les réponses aux problèmes rencontrés, mais c'est une boîte à outils très utile aux enseignants, et qui a été renouvelée en 2015. C'est à cette date que nous avons tourné un film de dix minutes intitulé « La rencontre sportive inclusive », un support de formation et d'accompagnement sur le terrain », révèle Patrick Morel. « Clairement, aujourd'hui, il nous faudrait une meilleure capacité à diffuser. Il faut faire connaître les outils dont nous disposons, pouvoir améliorer la formation... Ce sont des choses que nous mettons en place, mais avec nos moyens. Il a fallu du temps pour arriver à faire comprendre que le travail sur le handicap n'est pas une option, mais bien un devoir. On ne peut pas laisser un enfant sur le bord du chemin ».



Les Jeux de Rio, un grand succès pour l'Ugsel


L'USEP n'est pas la seule fédération sportive scolaire à œuvrer en ce sens. « Au sein de l'Ugsel, cela fait déjà plusieurs années que nous nous intéressons à cette question, puisque nous avions lancé un grand projet sur le handisport à l'occasion des Jeux paralympiques de Londres en 2012 », explique Philippe Brault, délégué national chargé de l'animation institutionnelle. « L'opération a été renouvelée l'an dernier lors des Jeux de Rio. Nous avons permis à des élèves en situation de handicap de devenir des ambassadeurs Ugsel, et donc de porter des messages de soutien aux athlètes présents lors de ces deux olympiades. Les jeunes ont pu échanger avec les athlètes paralympiques, ils ont créé des liens forts. À leur retour, cette expérience a permis de créer un certain nombre d'actions dès la rentrée de l'année scolaire 2016-2017 ». Désormais, le travail continue pour l'Ugsel, en pointe sur le sujet du handicap. « Nous venons de lancer un groupe de travail et de réflexion intitulé « Sport et handicaps ». Le but est de développer des actions et des animations autour de la question du handicap. Nous souhaitons développer davantage l'inclusion des jeunes dans nos championnats, qu'ils soient touchés par des handicaps moteurs ou cognitifs. Nous voulons relancer des actions de sensibilisation, travailler sur l’accessibilité, mais aussi mobiliser des référents sur l'ensemble du territoire. Créer un réseau de personnes-ressources, afin de travailler sur une meilleure adaptation de nos compétitions aux élèves en situation de handicap, est notre priorité », détaille Philippe Brault. « La formation de nos enseignants est également capitale. Les parents revendiquent, et c'est normal, l'inclusion de leurs enfants dans des classes ordinaires. Nos enseignants manquent parfois de formation et d'outils pédagogiques pour adapter au mieux leurs enseignements à ces élèves ; il faut donc pouvoir développer des formations de qualité ».



L'UNSS mise sur le sport partagé


La formation des enseignants fait également partie des priorités de l'UNSS. « La formation par rapport aux élèves en situation de handicap est peu abordée », révèle Marion Trouillet, directrice nationale adjointe. « Après, certaines académies sont plus en avance que d'autres. Le niveau de formation sur ce sujet est donc très disparate sur le territoire. Au sein de l'UNSS, nous proposons une formation et des référents dans les vingt activités qui proposent un championnat de France sport partagé. Il y a des choses qui sont en train de se mettre en place, mais nous n'en sommes encore qu'au début ». L'UNSS ne parle d'ailleurs pas de handisport, mais plutôt de sport partagé. « C'est une formule qui consiste à former des équipes en mélangeant des élèves valides et des élèves en situation de handicap, quel que soit le handicap et quelle que soit la structure dans laquelle l'élève évolue. L'idée est donc vraiment de partager du sport et de faire en sorte que les élèves en situation de handicap puissent participer, avec des compensations ou des classifications particulières, aux compétitions que nous proposons », assure Marion Trouillet. « Le sport partagé est en voie de développement à l'UNSS. Nous organisons un grand championnat sport partagé que nous appelons championnat multi activités. Durant cet événement, nous proposons des activités adaptées comme la boccia, la sarbacane ou la course aux points. De plus, nous avons du sport partagé lors des championnats sur des disciplines où nous avons des référents, c'est-à-dire une vingtaine d'activités pour le moment. Actuellement, nous travaillons également sur des outils de manière à avoir une cartographie plus claire des élèves en situation de handicap, de manière à mieux les cibler pour leur proposer des activités ».


Être former au secourisme avec l'Ugsel


Un rôle majeur de Paris 2024 ?


Le rôle du sport scolaire sur la question du handicap pourrait même devenir encore plus important avec l'accueil, en 2024, des Jeux paralympiques à Paris. « Je pense en effet que l'organisation des Jeux paralympiques en 2024 va permettre d'engager certaines démarches et de faire du sport partagé une formule pérenne », assure Marion Trouillet. Philippe Brault est lui sur la même longueur d'onde. « Solida'Rio était un moment fort, très important, car beaucoup de ces jeunes avaient 15-16 ans : c'est donc la génération Paris 2024. Certains se sont d'ailleurs pris à rêver de représenter la France dans sept ans. Ils veulent s'entraîner davantage, découvrir de nouvelles disciplines... Nous faisons aussi découvrir aujourd'hui le sport à des jeunes qui peuvent faire gagner la France demain ».

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