« Rouen, c’est là où j’ai grandi. C’est là que j’ai appris le basket sérieusement. C’était le vrai début de ma carrière ». Lorsqu’il est revenu à Rouen en août 2015 en leader de l’équipe de France pour y disputer un match de préparation à l’Euro de basket face à la Géorgie, Tony Parker n’a pas cherché à dissimuler son émotion. Il était un peu chez lui dans ce Kindarena. Il avait même été associé à sa construction en tant qu’ambassadeur de ce projet de nouveau palais des sports. « TP » et la Normandie, c’est une belle histoire née dans les jeunes années du prodige du basket français. Né à Bruges d’un père américain, lui-même joueur, et d’une mère mannequin de nationalité hollandaise, c’est en France qu’il va très vite grandir. D’abord à Denain, où son père intègre l’équipe locale, puis à Dieppe à la naissance de TJ Parker, le petit dernier de la famille, à partir de 1984. Tony a 2 ans et va vite suivre les traces de son père. « On me disait que j’avais des capacités mais j’étais tellement petit… C’est dur de savoir ce à quoi on se destine, et il peut se passer tant de choses dans une carrière de sportif », expliquera-t-il bien des années plus tard.
Un « clan » d’amis normands
Lors de la saison 1992/93, il est d’abord licencié à Fécamp et bénéficie en parallèle d’horaires aménagés au collège Jean-Baptiste-de-la-Salle de Rouen. De 1993 à 1996, l’apprenti roi des parquets joue pour le club de Déville-lès-Rouen, avant une dernière saison normande en 1996/97 sous les couleurs de Mont-Saint-Aignan. C’est là que se constitue son « clan » normand : Alexis Rambur, chez qui il est hébergé durant l’année scolaire, et Gaëtan Müller, à qui il confiera bien des années plus tard un poste d’encadrement à l’ASVEL, le club de basket de l’agglomération lyonnais dont TP est aujourd’hui le propriétaire. Rambur et Müller, deux anciens coéquipiers, deux amis de plus de 20 ans qui auront eux aussi leur petite expérience du basket pro, mais loin des hautes sphères du troisième larron qui, après avoir achevé sa formation à l’INSEP, s’envole très vite vers la NBA où il remportera quatre titres avec son équipe de presque toujours, les San Antonio Spurs. À 36 ans, le champion d’Europe 2013 avec l’équipe de France vit une dernière expérience plutôt convaincante de joueur avec les Charlotte Hornets avant, très certainement, d’entamer une brillante reconversion en coulisses. Durant ses années américaines, Parker n’a pas oublié ce qu’il doit à la Normandie en organisant, chaque été depuis 2007, les « TP Camps » à Fécamp, stages de formation pour les apprentis basketteurs de la région. Un bel engagement pour un grand champion qui sait d’où il vient.
Le basket normand cherche un second souffle
La région a vu grandir deux des plus grands champions actuels du basket français : Tony Parker mais aussi Nicolas Batum, natif de Lisieux et qui a appris le basket à Pont-l’évêque puis à Caen, avant lui aussi de partir faire carrière en NBA. Fait amusant : les deux champions jouent cette saison sous les mêmes couleurs, les Charlotte Hornets ! Du côté des clubs, c’est un peu moins brillant en revanche avec aucune représentation normande cette saison en Jeep Elite, anciennement nommée Pro A. Rouen y a évolué entre 2014 et 2016 mais joue désormais en Pro B, à l’étage en-dessous, tout comme Evreux et Caen. Quant au club de Saint-Thomas Basket Le Havre, ancien habitué de l’élite, il se morfond actuellement en N1, l’équivalent de la troisième division…