Stade olympique Yves-du-Manoir de Colombes, lundi 18 mai 1959. D’un subtil petit extérieur du droit, le jeune Valentin Navarro inscrit le troisième but de la rencontre entre Le Havre et Sochaux, scellant à la 87e minute l’issue de cette finale longtemps indécise débutée… 15 jours plus tôt ! En effet, à l’époque, les séances de tirs au but n’existent pas et les matchs de Coupe de France se terminant par un résultat nul sont à rejouer. C’est donc le 3 mai 1959, dans ce même stade francilien et devant 50 000 personnes – dont le Général De Gaulle – que s’amorce cet affrontement entre Normands et Doubistes. Ces derniers sont les grands favoris : ils sont une valeur sûre de la première division quand leurs adversaires évoluent un cran en dessous. Mais l’écart de niveau est trompeur : le HAC de cette saison 1958-1959 est une impitoyable machine de guerre qui terminera en tête de son championnat, assurant sa promotion en élite dès le début du printemps tout en se permettant de laisser filer quelques matchs pour se donner toutes les chances dans cette Coupe de France, où un mélange de talent et de chance lui permet de se hisser jusqu’en finale.
Les amateurs annéciens éliminés après 3 matchs
Pour affronter les Lions sochaliens, le parcours a été chaotique. Les Hacmen ont éliminé Dieppe, Auchel, Annecy (3-1 au troisième match après deux résultats nuls !), Draguignan, Metz et Nîmes en demi-finale, une première formation de D1 à son tableau de chasse. La deuxième est donc ce FC Sochaux coriace qui aurait même pu (dû ?) s’imposer à l’issue de cette première confrontation du 3 mai. Si la partie se solde par un nul 2-2, l’équipe chère à la firme Peugeot marque pourtant un troisième but en toute fin de prolongation d’un coup franc direct, mais l’arbitre avait sifflé la fin de la rencontre après avoir sifflé la faute aux abords de la surface de réparation… Les buteurs havrais de cette partie enlevée furent Jacques Ferrari dès la 2e minute et Hocine Bouchache à la 113e, alors que Sochaux était parvenu à revenir à la marque puis à prendre l’avantage.
Di Loreto le grand absent
Quinze jours plus tard, les hommes de Lucien Jasseron finissent par prendre le dessus, gagnant la rencontre 3-0 sur des réalisations de Jacques Meyer, Frédéric N’Doumbé et donc Valentin Navarro dans les dernières minutes. Là encore, l’adversaire joue de malchance et tire deux fois sur le poteau. Néanmoins, les Normands n’ont pas volé leur trophée, eux qui étaient privés sur les deux matchs de leur attaquant numéro un, l’Argentin Eduardo Di Loreto. « Honneur à la vaillance et au mérite » titrera d’ailleurs France Football pour rendre hommage aux vainqueurs. Cette Coupe de France soulevée par le capitaine André Strappe est toujours la seule ligne inscrite au palmarès du club doyen. Et il faudra attendre 50 ans pour voir un autre club de deuxième division, l’En Avant de Guingamp, remporter la compétition. C’était en 2009 face au voisin rennais...
Le résumé des deux finales :