L’histoire d’amour entre la boxe et les Nazairiens remonte à l’entre-deux-guerres, avec la naissance en février 1922 du Boxing Club Nazairien, première institution locale dédiée à la pratique du noble art. « On peut penser que la discipline a été importée par les soldats américains débarquant des bateaux pour combattre sur le front mais c’est faux », corrige l’ancien journaliste Maxence Ponroy, auteur d’une étude fouillée sur l’histoire du sport à Saint-Nazaire. « La boxe était, avec le cyclisme, l’un des deux sports populaires en vogue en France auprès de la classe ouvrière car abordables. » Dans cette cité réputée pour ses grands chantiers de construction navale, le petit peuple se passionne pour les combats sur le ring. En 1933, une première réunion internationale d’envergure est organisée sur place, avec des boxeurs français et allemands venus s’affronter devant 2 000 spectateurs.
« Queffé » dénicheur de talents
Mais c’est après le Seconde Guerre mondiale que la popularité de la boxe à Saint-Nazaire est la plus forte. En 1956, ils sont 8 000 à s’entasser sous le hangar de la chambre de commerce pour assister au championnat d’Europe, perdu par la figure locale Charlot Colin. « C’était un sportif charismatique, de toutes les luttes syndicales. Il avait valeur d’exemple », explique Maxence Ponroy. « Comme tous les champions locaux de l’époque, il était entraîné par Yvon Quefféléan, ancien boxeur lui-même qui a révélé de nombreux talents : Charlot Colin et son frère, Rivault, Barbet, Zami, Jouan… » C’est d’ailleurs « Queffé », comme certains le surnomment, qui est dans le coin du ring lors du combat pour la ceinture européenne perdu à Paris par le poids moyen Souleymane Diallo (à gauche sur la photo), Sénégalais d’origine révélé en Loire-Atlantique.
L’heure de gloire de Roland Cazeaux
C’est finalement le 27 février 1976 que la boxe nazairienne atteindra son sommet sportif, grâce à Roland Cazeaux, sacré champion d’Europe des super-plumes. Un titre conquis à domicile dans une « Soucoupe » archipleine, surnom donné au palais des sports de la ville et qui a succédé au hangar de la chambre de commerce. « Depuis les années 80, la boxe a perdu du terrain par rapport aux autres sports, à Saint-Nazaire comme partout ailleurs », déplore Maxence Ponroy. La faute notamment à une offre sportive plus diversifiée et aux affaires de matchs truqués et d’argent sale qui gangrènent la boxe au niveau mondial. Restent les souvenirs, chez les plus anciens, de ces soirées pugilistiques endiablées et pour les plus jeunes, les photos et coupures de presse d’époque permettant de revivre ces grands moments par procuration.