25 juin 2017. Céline Dumerc joue son dernier match en bleu contre l’Espagne à Prague, en finale de l’Euro féminin. Une ultime compétition sous le maillot tricolore qui s’achève sur la deuxième marche du podium. Deux mois plus tard, la déception de la défaite a laissé place à la fierté. A 35 ans, la capitaine des Braqueuses tire sa révérence pour se consacrer désormais à sa carrière en club. Un choix que Céline Dumerc ne réalise pas encore : « Pour l’instant, je le vis très bien parce que je ne me rends pas compte que l’équipe de France c’est terminé. Certes c’est acté et on a eu la chance avec Gaëlle (Skrela) de profiter des derniers matches à la maison devant le public français. Je vais véritablement m’en rendre compte au prochain rassemblement, là où je n’aurai pas ma convocation, où je ne serai pas appelée et que je regarderai les matches des copines à la télé ». Céline Dumerc c’est 262 sélections en bleu. Un record absolu dans le basket français. C’est aussi un petit gabarit qui, du haut de son mètre 69, s’est imposé avec un caractère et une volonté d’acier. Valérie Garnier, entraîneur de Équipe de France, évoque ce tempérament fort : « C’est quelqu’un qui a son caractère, mais on ne peut pas être la joueuse qu’elle a été et qu’elle est sans avoir du caractère. On ne peut pas s’exprimer comme elle le fait sur le terrain, si on n’a pas de personnalité. Son envie de toujours bien faire, de connaître les moindres détails et son charisme sont liés à sa réussite ».
« Une ambassadrice hors pair »
Août 2012. L’état de grâce. Céline Dumerc vole sur le parquet londonien. Après un premier match spectaculaire contre le Brésil, la meneuse enchaîne les performances et emmène ses coéquipières jusqu’en finale, avant de buter contre les « intouchables » Américaines, comme les avait qualifiées Pierre Vincent alors entraîneur des Bleues. Et « le magicien » avait vu juste. Mais il s’agit tout de même du premier podium olympique pour l’Équipe de France féminine. Jean-Pierre Siutat, Président de la Fédération française de basketball, revient sur ce tournant dans la carrière de Céline Dumerc : « Les matches qu’elle a faits pour nous qualifier ont permis à l’équipe de France d’être connue et à Céline de le devenir encore plus. On l’a vu dans l’impact sur les réseaux sociaux. C’était extraordinaire, les joueuses étaient reconnues partout, même en dehors du terrain. Ce n’était pas le cas avant, et ça, c’est grâce à Céline. Elle a été une ambassadrice hors pair ».
« Les Jeux de Londres restent l’apogée de ma carrière »
Céline Dumerc provoque un engouement sans précédent pour le basket français, qui est depuis 2015 le premier sport collectif féminin en France. Pour la meneuse, ces Jeux de Londres restent bien le plus beau souvenir de son parcours en bleu : « Les Jeux de Londres restent l’apogée de ma carrière. Et même si c’était un titre de vice-championne, ça reste une médaille olympique. Outre que la médaille soit lourde (rires), c’est un résultat qui est très important dans une carrière de sportif. Avec l’histoire que l’on a vécue pendant ces Jeux, il y avait tout pour que ça reste le plus beau moment de ma carrière ». Mais, dans la carrière olympique de la joueuse, il y a aussi cette blessure survenue 48h avant les Jeux de Rio qui l’oblige à revenir en France. Un souvenir « triste » mais « pas le pire », selon la numéro 9. Depuis sa première sélection en 2003 contre la Slovaquie, de nombreux titres internationaux ont jalonné la carrière de la meneuse, comme cette médaille d’or aux Championnats d’Europe en 2009. « Un gros bordel ! » se souvient avec humour Emmeline Ndongue, ancienne coéquipière et amie de Céline Dumerc. « C’était extraordinaire, on ne s’y attendait pas et la joie a été décuplée. C’était un vrai bon moment parce qu’on était un groupe soudé, on avait une complicité, une histoire. C’était vraiment quelque chose cette aventure de 2009 ».
Céline Dumerc, meneuse et leader charismatique
Un parcours international
2000 - Le début d’une carrière à part. Céline Dumerc débute sa carrière professionnelle à Tarbes dans sa ville natale. Alors en charge du club, Jean-Pierre Siutat lui fait signer son premier contrat en Ligue féminine. Six ans plus tard, au Tango Bourges, la Tarbaise décroche son premier titre de championne de France. Le premier d’une longue série avec son club de cœur et ses deux entraîneurs emblématiques, Pierre Vincent et Valérie Garnier. En 2009, Céline Dumerc s’essaie au championnat russe et intègre le club d’Ekaterinbourg où elle joue avec les meilleures joueuses d’Europe. A 32 ans, la joueuse voit encore plus grand et découvre la patrie du basket en rejoignant la WNBA, le pendant féminin de la NBA. Meneuse de l’Atlanta Dream, Céline Dumerc prend pleinement conscience de ses capacités. Admirée des clubs du monde entier, rien ne la prédestinait pourtant à devenir la shooteuse hors pair qu’elle est aujourd’hui : « Ça ne s’explique pas et, même avec mon petit gabarit pas forcément sportif, ma technique particulière, voire très moche (rires), j’ai réussi à performer. A l’âge de 9 ans comme à 35, ce qui m’importe c’est prendre du plaisir avec mes coéquipières, avec mes entraîneurs, mon club. C’est ça qui a dicté tout ce que j’ai fait sur les terrains ».
Ligue Féminine : L'Open LFB à Paris
« C’est vraiment très flatteur d’être comparée à Tony Parker »
Même poste, même statut de leader, même charisme, Céline Dumerc a été comparée à Tony Parker tout au long de sa carrière. « Tony, c’est quelqu’un que je connais depuis un moment, on a fait les bancs de l’INSEP ensemble. C’est quelqu’un avec qui j’ai toujours gardé contact. En plus d’être quelqu’un que j’apprécie, c’est un sportif hors normes. Donc, être comparée à lui est vraiment très flatteur ». Après onze années passées au Tango Bourges et six titres de championne de France avec le club du Berry, Céline rejoint son sud-ouest natal dans le club de Basket Landes où elle sera entraînée par Cathy Melain, une joueuse qu’elle a toujours admirée. Le Basket Landes compte sur sa meneuse pour arracher un titre. Un nouveau défi que la Tarbaise espère bien relever, tout comme l’équipe de France sans sa meneuse clé.