SPORTMAG - 102 : National - Septembre 2017

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Bio express

Yvan Wouandji Kepmegni
24 ans - Né le 28 avril 1993 à Douala (Cameroun)

Club : AS Cécifoot Saint-Mandé

Poste : attaquant (en club), défenseur - attaquant (en équipe de France)

Palmarès en club : Champion de France (2015), Coupe de France (2011)

Palmarès en équipe de France : Vice-champion paralympique (2012), vice-champion du monde (2011), Champion d’Europe (2011)

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Cécifoot

Yvan Wouandji : « Le cécifoot n’est pas un effet de mode »

Lorsque le cécifoot (football à cinq déficients visuels) est évoqué en France, Yvan Wouandji ne se trouve jamais très loin. Déficient visuel, ce joueur de 24 ans fait les beaux jours du club de Saint-Mandé et de l’équipe de France. Entretien.

Vous êtes né et avez grandi au Cameroun, avant d’arriver en France à l'âge de dix ans...

Avec mon frère jumeau, nous sommes nés prématurés et myopes. Malgré tout, j’ai eu une enfance classique, je faisais un peu de foot avec les copains du quartier. Puis j’ai perdu la vue à l’âge de 10 ans à cause d’un décollement de la rétine. Pour me soigner, mes parents m’ont emmené en France. A Paris, malheureusement, ma rétine n’a pu être recollée. J’ai alors été inscrit dans une école spécialisée, où j’ai appris à vivre avec mon handicap et à acquérir de l’autonomie.


Quel a été votre premier contact avec le football ?

Au départ, je pratiquais ce sport comme un loisir. Dans mon école pour non-voyants, j’ai découvert le cécifoot. A l’époque, j’avais 12 ou 13 ans, je ne savais pas qu’on pouvait faire du football sans voir. En allant aux entraînements, je me suis familiarisé avec les règles spécifiques au cécifoot (pas de hors-jeu, tacle interdit, etc.). J’ai commencé à 15 ans en club, à l'Association Valentin Haüy (AVH). Entre le cécifoot et le foot classique, je n’ai jamais fait la différence.


Son objectif : Soulever la Coupe du monde


Comment êtes-vous parvenu à tirer votre épingle du jeu en cécifoot ?

J’ai appris l’existence d’un championnat national. J’y ai joué pendant deux ans avec l’AVH, avant d’intégrer l’équipe de France. En 2011, avec celle-ci, nous avons remporté le Championnat d’Europe. L’année suivante, nous sommes parvenus à décrocher la médaille d'argent aux Jeux paralympiques de Londres. C’était un grand moment ! Cela m’a ouvert de nombreuses portes.


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Quel est le grand objectif de votre carrière de joueur ?

J’aimerais bien remporter les Jeux paralympiques. Mais mon objectif ultime est de soulever la Coupe du monde. A l’heure actuelle, il existe deux ou trois équipes supérieures à la nôtre. Notre groupe est encore un peu jeune. Mais je n’ai que 24 ans, et nous avons encore largement le temps de progresser. Le rêve serait d’arrêter ma carrière après avoir gagné le Mondial.


« Faire découvrir le cécifoot aux jeunes »


Vous poursuivez des études en parallèle. Où en êtes-vous ?

Je termine ma licence en information et communication, option médias, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). J’interviens également dans des écoles pour faire découvrir le cécifoot aux jeunes. J’essaie de leur montrer qu’il est possible de franchir de nombreuses difficultés malgré le handicap.


Vous êtes régulièrement invité par Pascal Praud, dans ses émissions de foot sur iTélé (« 13h Foot » Et « 20h foot »). Songez-vous à devenir consultant ?

C’est vrai que Pascal Praud m’invite souvent. Je participe également à l’émission « Le Clasico », sur France Info. Devenir consultant sportif pourrait m’intéresser, mais je ne me focalise pas là-dessus pour le moment.


Son but maradonesque a fait le tour du monde


Vous avez également eu l’occasion de commenter un match à la radio…

Exact. C’était la rencontre entre la France et la Belgique, en juin 2015 (défaite 3-4 des Bleus au Stade de France, NDLR). J’ai eu la chance de partager le micro avec le journaliste Jean Résséguié, sur RMC. Je garde un superbe souvenir de cette expérience.



Au mois d’avril 2015, vous avez inscrit un but « maradonesque » face à l’Allemagne. La vidéo de votre exploit a fait le tour du web…

Effectivement, elle a beaucoup tourné (sur YouTube, la vidéo dépasse les 760 000 vues, NDLR). Sur le coup, je ne me rendais pas compte. Il restait trois minutes à jouer et le score était encore vierge. Le lendemain, une multitude de médias m’a contacté. Un de mes oncles, qui réside à Pékin, m’a même appelé pour m’en parler. C’est là que je me suis rendu compte de l’ampleur que cela avait prise. D’ailleurs, nombreuses sont les personnes à avoir découvert le cécifoot grâce à mon but, qui est passé sur Canal+, beIN Sports…


« L’évolution du cécifoot est folle »


Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux. Comment expliquez-vous le fait d'être particulièrement suivi ?

Plusieurs raisons permettent de l’expliquer. Déjà, j’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis, auxquels j’ai fait connaître le cécifoot. Je suis quelqu’un de simple. Quand un match se termine, je ne rentre pas directement au vestiaire. Je partage du temps avec le public et plaisante avec lui. Mes amis me suivent, puis relaient ce que je fais.


Comment jugez-vous l’évolution du cécifoot en France ?

Son évolution est folle ! Je n’arrive pas à y croire. Parfois, je me dis que ma venue sur Terre aura au moins servi à ça (rire). J’ai vraiment contribué à l’évolution du cécifoot. Aujourd’hui, on croule sous les sollicitations. Si le cécifoot continue à être autant connu, c’est parce qu’on intervient beaucoup dans les écoles. On bat le fer tant qu’il est chaud. Pour moi, ce n’est pas un simple effet de mode : ce sport ne cessera jamais de se faire connaître.

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