SPORTMAG - 105 : National - Décembre 2017

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105---Ouverture-handisport.jpg Réconforté par son guide Yannick Fonsat, après l’énorme désillusion du 200m aux Mondiaux 2017

La bio express de Timothée Adolphe


27 ans

Né le 29 décembre 1989 à Versailles (Yvelines)


Disciplines :

100, 200 et 400m

Club :

PUC (Paris Université Club)

Palmarès (en plein air) :

Champion d’Europe du 100m (2016), champion d’Europe du 200m (2014, 2016), champion d’Europe du 400m (2014), triple champion de France du 100m (2015, 2016, 2017), quadruple champion de France du 200m (2013, 2014, 2015, 2017), quintuple champion de France du 400m (2013, 2014, 2015, 2016, 2017)

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Timothée Adolphe

« Les JO demeurent l'objectif ultime »

Athlète paralympique spécialiste du 400 mètres, Timothée Adolphe concourt dans la catégorie T11 en raison de sa cécité. Entretien avec celui que l'on surnomme le « Guépard blanc ».

À quel moment avez-vous commencé l'athlétisme paralympique ?

Au début des années 2000, suite aux Jeux olympiques de Sydney. J'avais vu une course de démonstration et je me suis dit : « Pourquoi n'essaierais-je pas ? » J'ai alors contacté le club de Guyancourt (Yvelines), qui m'a permis de débuter l'athlétisme. Jusqu'à l'âge de 14 ans, j'ai essayé un peu toutes les disciplines. Puis, suite à un déménagement à Bois-d'Arcy (Yvelines), je n'ai pas retrouvé de structure. J'ai poursuivi mes études à Angers. Cependant, dans cette ville, un entraîneur a osé me dire qu'il n'avait « pas de temps à perdre avec un aveugle ». Je me suis alors tourné vers un autre sport, le torball...


Ce sport de ballon (pratiqué par des déficients visuels) vous a-t-il aidé pour l'athlétisme ?

Oui. Déjà, il m'a permis de conserver une certaine condition physique. Comme il s'agit d'un sport collectif, cela m'a amené à développer un esprit collectif. De plus, j'étais capitaine, j’avais des responsabilités. J'ai même été appelé en équipe de France. C'est un sport que j'affectionne particulièrement, encore aujourd'hui.


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« Le guépard, une sorte de pied de nez »


D'où vient votre surnom de « Guépard blanc » ?

Cela remonte à la veille de ma première finale des championnats du monde, en 2013, à Lyon. À l'époque, je pesais à peine 60 kilos. Mon coach, Arthémon Hatungimana, m'a dit : « Tu n'es pas assez gros pour être un lion, donc demain tu seras un guépard ». Puis c'est resté, j'ai développé ma ligne de vêtements, en faisant de cet animal mon logo. J'ai fait fabriquer des prothèses avec des images de guépard. C’est un félin réputé pour avoir une vue excellente. C'est une sorte de pied de nez, pour montrer qu'il ne faut pas s'apitoyer sur son sort à cause du handicap.


« La poisse me colle à la peau depuis deux ans »



Malheureusement, par la suite, vous vous êtes transformé en « chat noir » en cumulant les désillusions. Comment expliquez-vous cette poisse récurrente ?

Elle me colle à la peau depuis deux ans... Cela a commencé en finale du 400 mètres, lors des championnats d'Europe en 2015. J'ai été disqualifié en raison d'une « poussette » de mon guide de l'époque, Fadil Bellaabouss, sur la ligne d'arrivée. Ce dernier amenait une mauvaise énergie à l'équipe. Mais on m'a ensuite imposé d'aller aux Jeux paralympiques de Rio avec lui. C'est quelqu'un qui est intéressé par l'argent, trop nombriliste pour être un guide. Puis, à Rio, je me suis blessé à l'épaule. Malgré tout, j'ai remporté la demi-finale du 400m, avant d'être disqualifié... Puis, l'été dernier, lors des mondiaux, j'ai à nouveau été disqualifié à l'issue du 200m, pour avoir franchi la ligne après mon guide Yannick Fonsat...


Comment remédier à cette série noire ?

J'ai repris l'entraînement au début du mois de septembre pour tout retravailler en profondeur. Cette fois, je pars avec des guides d'entraînement sains. Il n'existe plus de problème relationnel et humain dans l'équipe. Nous avons souhaité revenir aux fondamentaux, en travaillant le détail. On espère vraiment que cette poisse va nous quitter. Dominer sportivement, c'est bien, mais sans médailles... Les sponsors ont besoin de résultats, la fédération aussi. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas oublier ses échecs et apprendre de ses erreurs.


La bio express de Timothée Adolphe


« Ne pas brûler les étapes »


Quels sont désormais vos prochains objectifs ?

Au mois d'août 2018 se tiendront les championnats d'Europe. Ils seront l'occasion de confirmer notre montée en puissance chronométrique. Ensuite, les championnats du monde 2019 constitueront un gros test avant les JO de Tokyo. Toutefois, il ne faut pas brûler les étapes. Si l'objectif ultime demeure les Jeux, il ne faut pas participer aux autres compétitions en se focalisant sur eux.


Parvenez-vous à vivre de votre sport ?

Je suis effectivement l'un des rares privilégiés handisport à pouvoir en vivre. L'athlétisme est le sport roi lors des JO, donc forcément cela aide. Si je faisais de la boccia (sport de boule apparenté à la pétanque, NDLR), cela ne serait sûrement pas la même histoire (rires). Disposer d'une bonne visibilité permet d'avoir des sponsors. D'ailleurs, je suis actuellement en pleine renégociation de contrats avec les miens. Les sponsors attendent que je réponde présent à l'occasion d'un événement important.


Hormis l'athlétisme, quels sont les sports auxquels vous portez de l'intérêt ?

J'aime beaucoup le basket, notamment la NBA. Je suis les équipes dans lesquelles évoluent nos Français. J'ai un petit faible pour les Spurs de San Antonio. Sinon, j'adore également le handball. En revanche, je ne m'intéresse pas du tout au foot. J'ai toujours été une « quiche » dans ce sport (rires).

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