SPORTMAG - 107 : National - Février 2018

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107---Ouverture-linvite.jpg « En compétition, je suis instinctif »

La bio express de Pascal Martinot-Lagarde


26 ans

Né le 22 septembre 1991 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne)

Spécialités :

110m haies, 60m haies

Club :

ES Montgeron

Palmarès en salle :

Champion d’Europe (2015), Vice-champion du monde (2014, 2016), Champion de France (2012, 2013, 2014, 2016, 2017)

Palmarès en plein air :

Vainqueur de la Ligue de Diamant (2014), Champion de France (2014), Champion du monde juniors (2010)

Retour En avant

L'invité

Pascal Martinot-Lagarde : « Revoir une piste d’athlétisme, mon petit kif »

Une saison 2017 « blanche » pour cause de blessure au pied a donné à Pascal Martinot-Lagarde une grande envie de revenir sur les pistes. Ce sera chose faite début mars à Birmingham lors des Mondiaux indoor, en vue desquels le hurdler de 26 ans, champion d’Europe en salle en 2015 et détenteur du record de France du 110 m haies (12 secondes 95), peaufine sa préparation, tout en rêvant de médailles en extérieur.

Petit retour en arrière. Quand avez-vous fait vos débuts en athlétisme ?

J’avais 5 ans. Au début, j’ai touché à tout, l’athlétisme, le judo, le football, le basket… Vers 15-16 ans, je me suis rendu compte que l’athlétisme était la discipline où je m’épanouissais le plus. Ma quatrième place pour mes premiers championnats d’Europe juniors a constitué un déclic. Cette médaille « en chocolat », le maillot tricolore… m’ont fait prendre conscience que j’avais peut-être un avenir et j’ai alors voulu me mettre sérieusement à l’athlétisme. Champion du monde junior en 2010, j’ai décroché une médaille de bronze aux Mondiaux seniors en salle en 2012, pour ma première sélection. Puis j’ai battu en 2014 le record de France détenu par Ladji Doucouré.



Comment s’organise votre vie aujourd’hui ?

Être sur la liste officielle des sportifs de haut niveau me permet de me consacrer à mon sport et me donne des facilités pour m’entraîner, investir dans du matériel, avoir auprès de moi un kiné. Je suis professionnel à 100 %, sous contrat avec Nike. Je me suis entraîné à l’INSEP pendant 3 ans, mais les temps de trajet quotidien ne s’accordaient pas avec les exigences d’une vie d’athlète. Depuis cet automne, j’ai rejoint à Reims mon entraîneur, Benjamin Crouzet, qui faisait auparavant le déplacement tous les jours jusqu’à Paris. Je m’entraîne au CREPS avec mon frère Thomas et Cindy Billaud, recordwoman française du 100 m haies. À raison de 6 jours par semaine, sous la halle ou en extérieur, deux fois par jour, le mardi et le jeudi, avec deux séances hebdomadaires de musculation, ma nouvelle vie se passe magnifiquement. Je crois dur comme fer à une amélioration de mes performances.


« Maintenant je reviens avec une envie débordante »


Quel est votre programme cette année, pour quelles ambitions ?

Je rentre d’un stage de préparation à Agadir en vue de la saison hivernale et des Mondiaux en salle de Birmingham. En août, j’espère enfin décrocher une médaille aux championnats d’Europe outdoor à Berlin, alors que ces six dernières années j‘ai déjà réalisé des podiums en indoor. Mais je suis tellement heureux de reprendre la compétition que le plaisir sera de toute façon immense. J’ai en effet été blessé l’an dernier, d’avril à octobre. Une fracture du métatarse, fréquente chez les athlètes, a occasionné six semaines de plâtre. Une grande frustration, car depuis le début de ma carrière, je n’avais jamais déclaré forfait. Mais là, le corps a dit « Stop ». J’ai soutenu de loin l’équipe de France pendant les grands rendez-vous. Je suis parti en vacances, je me suis libéré l’esprit et désintoxiqué de la vie de sportif. Maintenant, je reviens avec une envie débordante ; une coupure peut aider à récupérer de la fraîcheur et à repartir encore plus fort. En compétition, je suis instinctif.


« Je pense plus à Paris 2024 »


Quelle est la spécificité des haies ?

Pendant la course, je suis en pilote automatique, en sprint. J’ai tellement répété les gestes à l’entraînement que je ne pense plus à mes foulées. On parle souvent de musique et de tempo : en tendant l’oreille, on peut entendre un coureur frapper le sol. En haies, on ne court pas comme sur du plat, il faut aller chercher la vitesse, car on ne peut pas s’appuyer sur l’amplitude : il y a forcément 9,14 m entre deux haies. On ne peut utiliser que la vitesse gestuelle. Avant, j’avais huit appuis entre le départ et la première haie, ce qui donne de tout petits pas. J’ai suivi l’exemple du Cubain Dayron Robles, champion olympique en 2008, et j’ai retiré une foulée. Dès que j’ai adopté cette technique, j’ai gagné du confort et de la puissance et j’ai battu mon record personnel en salle (7secondes 45 au 60 mètres haies).


La bio express de Pascal Martinot-Lagarde


Les JO : que vous inspirent-ils ?

Ma quatrième place à Rio en 2016 a été dure à digérer, car j’avais des ambitions. Je raisonne étape par étape, je ne pense pas encore à Tokyo en 2020. Je veux d’abord revoir la couleur d’une piste, c’est ma seule envie immédiate, mon petit kif (rires). Paradoxalement, je pense plus à Paris 2024, parce que c’est la France qui est le pays organisateur, même si je serai en fin de carrière et donc pas certain d’être sélectionné. Après ma carrière, j’aimerais rester dans le milieu de l’athlétisme auquel j’ai donné toute ma vie, par exemple en coachant des athlètes. Je m’entends très bien avec Ladji Doucouré, qui est un immense athlète et qui fait un travail très intéressant avec son association Golden Blocks : il organise des détections de jeunes dans les cités pour les amener dans les clubs. Il a en lui la passion de son sport et il veut continuer à la transmettre.

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