Qu'a changé le succès de 1991 pour vous ?
Ça a tout changé pour moi. J'avais atteint la finale de Roland-Garros en 1988, et là je me retrouvais avec une deuxième occasion de marquer l'histoire du tennis français. Il faut se souvenir qu'on avait une énorme pression, puisque l'équipe de France n'avait plus gagné depuis les années 1930. Cette ambiance à Lyon, cette joie de venir à bout de la grande équipe des États-Unis, avec Pete Sampras et André Agassi, c'est quelque chose d'indescriptible. Pour le monde du tennis, c'est comme la victoire de la France en 1998 face au Brésil. C'était aussi fort que ça pour nous et pour le public, le sentiment d'une délivrance et de la fin d'une longue attente. Et puis, pour moi, c'était de la folie. J'ai réussi à confirmer ensuite en faisant notamment une demi-finale à Roland-Garros. Mais il est certain que cette Coupe Davis restera un moment gravé à jamais.
« Je pense que nous restons favoris »
Comment analysez-vous cette finale 2018 ?
On a la possibilité de gagner pour la deuxième fois de suite, ce qui serait exceptionnel. Ce serait surtout un magnifique point final pour ce format de la Coupe Davis. Mais, pour s'imposer face à la Croatie, il faudra impérativement retrouver un meilleur niveau que celui aperçu chez les joueurs français ces dernières semaines. En face, il y aura tout de même Marin Cilic et Borna Coric, il faudra donc nettement hausser le niveau. Je pense que nous restons favoris, mais peut-être avec moins d'avance qu'il y a quelques mois, car la Croatie a du talent. La Coupe Davis reste cependant une épreuve à part, où il est possible de se sublimer l'espace d'un week-end. J'espère que nos Français pourront y arriver afin de soulever le trophée.
Cette équipe de France manque-t-elle d'un joueur leader ?
Non, je pense que nous l'avons et qu'il s'agit de Lucas Pouille. Je pense qu'il a tout le potentiel pour s'imposer comme un vrai leader et un joueur majeur du circuit ATP. Mais, pour cela, il faut qu'il fasse les efforts et que ça suive aussi dans la tête. Mais ça, ce n'est pas à moi de le dire, c'est surtout à lui de le faire. Ça dépend beaucoup de sa volonté, de ce qu'il veut faire, et s'il est motivé. Pour le moment, nous n'avons pas ce joueur dans le top 10 mondial qui peut permettre au tennis français de bénéficier d'un nouvel élan. Je pense que Lucas a tout pour être ce joueur.